Galerie virtuelle de philippe lamiral
Photo présentation

Corps à corps avec la peinture

Quand je peins, principalement sur des grands formats, je vis une proximité évidente avec la peinture.
La surface de la toile est recouverte petit à petit de strates successives…
Au début, il y a une sorte de facilité à faire glisser avec légèreté la peinture sur la toile pour la recouvrir d’un jus qui délimite les formes dessinées ! A ce stade le motif s’impose mais ne me convient pas car il est l’élément prétexte à faire de la peinture. Alors cette phase va disparaître au fur est à mesure de mon « barbouillage » et que la toile prend corps.
Mais la toile ne me permet pas de faire n’importe quoi : elle résiste, et elle impose les mouvements, les couleurs à des endroits précis, des zones de clair-obscur, des contrastes. Je dois répondre aux exigences de la peinture… puis je peux penser qu’à un certain stade que la peinture prend, mais la toile demande encore à être nourrie et il y a des zones qui ne me satisfont pas et je dois les reprendre et retoucher aussi le reste de la toile pour trouver l’équilibre ! Je vis une relation d’échanges intenses avec la toile ; il y a beaucoup de moments véhéments mais aussi de moments délicats où je prends du recul, dans une atmosphère de silence pour regarder, pour construire le tableau et pour chercher la faille qui me remettra au travail. Il y a des moments où je me dis que le tableau est fini, je lâche prise mais dans l’instant qui suit je me remets à l’ouvrage, et une certaine couleur, une trace laissée par mon outil dans la matière, par son étendue perturbe l’ensemble de la toile, et tout cela entre en scène dans un abordage dynamique et vivace et je dois reprendre les zones qui environnent les transformations afin et enfin que le tableau trouve son autonomie !
La peinture à l’huile est un médium difficile car le temps de séchage est long mais les nouveaux apports de peinture s’imprègnent alors des couleurs sous-jacentes sans les mélanger ni les absorber complètement puisque je dois attendre entre chaque couche le temps où elles commencent à sécher…je triture la couleur, je la violente, la caresse pour lui faire dire les choses qui lui sont propre !
Ainsi pour celui qui regarde, qui prend le temps de regarder peut entrer dans ma peinture sans se sentir obliger de retrouver le sujet , sans avoir besoin de connaissances particulières dans le domaine de l’art, juste sa sensibilité visuelle et de ses qualités intrinsèques de l’esprit et de son cœur pour ressentir avec la captation de son regard la vie, le mouvement issu du processus d’émergence de l’œuvre.
La peinture doit pouvoir témoigner de sa propre genèse et non renvoyer à des « choses » qui ferait oublier son existence…
philippe lamiral
http://www.artabus.com/lamiral